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Artcurial, 21 mars 2018.
Lot 44 - Jean-Baptiste Oudry Paris, 1686 - Beauvais, 1755 - Vue du jardin d'Arcueil : la terrasse de l'Orangerie, au nord, avec le talus du parc de haute futaie
Crayon noir et craie blanche sur papier bleu
Dans un cadre en bois sculpté et doré estampillé INFROIT et JME, travail français d'époque Louis XVI
30,30 x 51,80 cm
(Estimation : 80 000 € / 120 000 €)
Provenance : Collection Emile Barré ;
Sa vente, Paris, Hôtel Drouot, 25-26 janvier 1894, n° 110 ("La rencontre dans le parc") ;
Collection Chauffard ;
Puis par descendance
Bibliographie : Peut-être Jean Locquin, 'Catalogue raisonné de l'œuvre de Jean-Baptiste Oudry peintre du roi (1686-1755)', Archives de l'Art Français, nouvelle période, VI, Paris, 1912, p. 148, n° 896
André Desguine, 'L'œuvre de J.B.Oudry sur le Parc et les Jardins d'Arcueil', Paris, 1950, p. 10, et repr. p. 45 (la gravure d'après notre dessin)
Hal Opperman, 'J.B. Oudry', New York, 1977, (édition revue et augmentée de la thèse de 1972), tome II, p. 863, n° D1090 peut être le même que le n° D.1093
Xavier Salmon, 'A l'ombre des frondaisons d'Arcueil. Dessiner un jardin du XVIIIe siècle', cat. exp. Paris, musée du Louvre, 2016, p. 120, cat. 48
Commentaire : Gravure :
En contrepartie en 1776, peut-être par Victoire Chenu, sous la direction de Jacques-Philippe Le Bas, publié à Paris, sous le titre "Ancienne et première vue d'Arceuil (sic)' ( L'arrosoir et le râteau à droite de la composition ne sont pas représentés dans la gravure )
En 1742, Piganiol de La Force décrit les célèbres jardins d'Arcueil : "
le Prince de Guise, avoit dans ce village une maison de plaisance qui a des grandes beautés. La rivière de Bièvre en parcourt le jardin dans toute sa longueur, et lui procure de grands agrémens. Le parterre et le potager sont dans le vallon, et règnent des deux côtés de cette petite rivière ; mais la plupart des allées couvertes sont horizontalement tracées dans la montagne, et servent pour ainsi dire, d'échelons pour monter de l'une à l'autre. Les arbres dont elles sont alignées, et qui les couvrent de leur ombre, produisent ici un effet peu ordinaire ailleurs, qui est que plus l'on monte, moins on voit ; au contraire de la plupart des autres lieux élevés, où plus l'on monte, plus la vue est étendue ".
Le raffinement et la complexité du parc attirent le beau monde et les artistes. Oudry plus que tout autre s'attache à en retranscrire toute la diversité (nous connaissons plus de cinquante vues du parc par Oudry).
Il séjourne régulièrement dans la région entre 1744 et 1747, peut-être chez ce Monsieur Douglas, de la maison duquel nous savons qu'il représente un paysage d'Arcueil au Salon de 17461. Dans sa 'Vie de Monsieur Oudry', Gougenot rapporte :
"
Avant la destruction totale des jardins d'Arcueil, il ne manquait pas d'y aller dessiner dès qu'il pouvait trouver un moment de loisir. Ces jardins, qui excitaient les regrets de ceux qui les avaient vus dans leur premier éclat, lorsqu'ils furent entièrement abandonnés prirent de nouveaux charmes aux yeux de la peinture… C'est dans ces divers dessins de paysage qu'il a développé clairement les grands principes qu'il tenait de M. de Largillierre sur l'intelligence du clair-obscur, et l'on y découvre les effets les plus vrais et les plus hardis ".
Notre dessin représente une terrasse à l'arrière du château, " l
a plus haute terrasse du domaine, sur laquelle l'Orangerie et son grand réservoir avaient été construits. Cette terrasse, agrémentée d'un long tapis vert et d'une succession de bosquets encadrés de treillages en perspectives feintes, constituait le grand parterre du Château neuf et de l'Orangerie "².
Il est possible que notre dessin corresponde au paysage répertorié par Locquin sous le n°896 : "
Intérieur de parc. Vers la gauche, un escalier conduit à une terrasse ; au premier plan, plusieurs personnages. (Les figures ont été dessinées par Moreau le jeune) " et par Opperman n°D1093.
Les dimensions correspondent et la provenance (ancienne collection Mahérault (1880) ; vente La Béraudière, 16-17 avril 1883 ; vente D. et P., 19 décembre 1898) pourrait aisément compléter celle que nous présentons. Hal Opperman pense que cette hypothèse est possible mais demanderait à être vérifiée.
L'attribution des figures à Moreau le Jeune est faite dans la vente Mahérault, qui possédait un ensemble très important de dessins par Moreau. Il est difficile de mettre un nom sur le dessinateur qui a adjoint des figures au dessin d'Oudry, mais il est sûr que les figures ont été dessinées au XVIIIe siècle. Les feuilles de la collection Mariette maintenant au Louvre sont pareillement enrichies de figures, et l'on a suggéré le nom de Mariette lui-même pour ces " marionnettes ". On peut aussi songer au graveur Jacques Philippe Le Bas, ou à son assistante Victoire Chenu, qui gravent d'après ce dessin en 1776, dont les noms sont moins prestigieux mais qui devaient être tout aussi capable d'animer les frondaisons grandioses mais dépourvues de présence humaine des paysages purs d'Oudry.
Nous remercions Monsieur Hal Opperman pour son aide à la rédaction de cette notice.
1. Voir Hal Opperman, 'J.B. Oudry', Paris, 1982, p. 232
2. Voir cat. exp. 'A l'ombre des frondaisons d'Arcueil', p. 53