Discrétion = Acquisition !!!

Chers amis,
un drame nous frappe, et nous couvre de gêne et de honte... nous avons empêché une acquisition!
Notre passion dévorante pour le château a permis d'identifier la provenance de pièces recemment passées sur le marché de l'art français. Ces pièces n'étaient pas estampillées de la "provenance Versailles", et en ce sens, auraient pu êtres achetées par le château, comme prévu. Marquées "Versailles" par notre forum, leur prix en vente s'en est trouvé accru.
Au lieu de prévenir la conservation et de garder le silence jusqu'à l'acquisition, notre forum s'est fait trop bavard. Résultat: des vendeurs heureux de vendre plus cher, un commissaire-priseur plus riche, et un château empêché de se remeubler... A qui profite le crime? Pas au château, ni au chercheur!
Alors en ces temps difficiles où les prix s'envolent, où les moyens se font de fait réduits pour acquérir, je vous prie, encore une fois, chers passionnés, de garder le silence!
J'aimerais ne pas rcevoir de réponse crétine et digne de gamin puéril du genre " vous êtes du côté de la conservation Bourcet, le petit chercheur qui garde ses secrets et les autres on s'en fiche". Sachez que je vous dit tout, MAIS EN TEMPS VOULU LORSQUE LE PROPOS MET EN PERIL UNE EVENTUELLE ACQUISITION.
Cette fois-ci, l'objet en question provenait d'appartements disparus..mais j'espère qu'il n'y aura pas de prochaine fois pour un objet provenant d'une pièce toujours existante.

Prévoyant déjà certaines réponses, je vous invite, lorsque vous identifierez d'autres pièces, à en faire part dans la plus grande discrétion à la conservation du château de Versailles, qui sera toute ouïe, croyez-le bien, ou à la Société des Amis de Versailles. Vous en tirerez la satisfaction de provoquer une acquisition sans débourser le moindre sous, et avec plus de gloire!

Par pitié, faites preuve de discrétion, et ne mettez plus en ligne des inventaires descriptifs. les inventaires succincts du type "Une table, 4 chaises, 3 fauteuils" sont amplement suffisants.

Votre serviteur.
Bourcet.

Votre post m'a laissé perplexe...

J'approuve pleinement la mise en garde de monsieur de Bourcet !
Montrons-nous réfléchis et adroits dans l'intérêt de Versailles.
Ce genre de choses est affaire de stratégie !

Cher Bourcet,

Par un curieux hasard, hier soir, j'ai eu ce genre de discussion avec un passionné de Versailles qui s'alarmait que trop d'informations circulant sur interner puissent nuire à des acquisitions.

Puisque ce forum est à l'origine de cette fuite, peut-on au moins savoir de quel objet il s'agit ?

Il semble s'agir d'une vente publique, donc votre propos peut être précisé.

Cher Lebrun,
il s'agit du feu provenant de l'appartement de Madame Elisabeth à Versailles.
Je suis heureux de lire que je ne suis pas le seul à m'inquiétéer...

Bourcet.

Cher Bourcet,

Je ne comprends pas très bien, les feux en question étaient déjà très documentés dans le catalogue de la vente du 13 juin.

Lot n° 155 Belle paire de chenets - Epoque Louis XVI

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Estimé : 20 000 / 30 000 €

Adjugé : 120 000 €

Belle paire de chenets en bronze très finement ciselé et doré à décor d'un vase flammé à cannelures torses ; en opposition dans des nuées des colombes symbolisant l'Amour.
Ils reposent sur des bases à cannelures à asperges soulignées de guirlandes de pampres, de rosaces, et de perles.
Piétement tripode à sabots et masques de satyre.
Epoque Louis XVI
H : 47 - L : 47 cm

Ces chenets portent les numéros d'inventaire n°23 et FN° 78.

Provenance :
- Chambre à coucher de l'appartement de Madame Elisabeth de France au Château de Fontainebleau en 1787
- Ancienne Collection Greffulhe, puis par descendance
Comme le faisait remarquer à juste titre Pierre Verlet (Les bronzes dorés français du XVIIIème siècle, Paris, 1999, p.273), retrouver avec précision les bronzes d'ameublement dans les collections du Garde-Meuble de la Couronne sous l'Ancien Régime demeure particulièrement difficile. En effet, bien que chaque objet mobilier (meubles, lustres, chenets, appliques, pendules...) recevait, à son entrée dans les collections royales, un numéro d'inventaire, marquer les ouvrages en bronze devint rapidement un problème pour l'administration du Garde-Meuble.
Il est probable que les objets reçurent soit des étiquettes manuscrites, soit des numéros poinçonnés, soit des étiquettes de métal gravées, mais il semble qu'aucune ne nous soit parvenue.

Entre 1784 et 1791, le type de numérotation élaboré par le Garde-Meuble fut modifié. Au lieu de numéroter les objets par catégories pour l'ensemble du Garde-Meuble, l'on décida d'établir des inventaires en différenciant les catégories d'objets par résidences royales.

En 1789 lorsque la Révolution éclata, les nouveaux inventaires étaient quasiment achevés, mais seuls deux châteaux royaux avaient terminé le report des numéros sur leurs bronzes d'ameublement : Compiègne et Fontainebleau. Ainsi pour ces deux résidences l'on trouve, à côté des lettres F ou CP sous couronne royale, un numéro qui reporte à des inventaires conservés au Archives nationales. C'est ainsi que furent retrouvés les bras du Salon des Jeux de Marie-Antoinette conservés à la Wallace Collection (illustrés dans P. Verlet, op.cit., Paris, 1999, p.274). C'est également par ce biais qu'a pu être localisé la paire de chenets présentée : dans la chambre à coucher de l'appartement de Madame Elisabeth de France au château de Fontainebleau :
Inventaire des Meubles du Château de Fontainebleau fait au mois de septembre 1787 :
" 78. Un feu à recouvrement de bronze doré d'or moulu orné sur le devant d'un chapiteau de colonne sur lequel sont posés deux tourtereaux sur un nuage, le recouvrement orné sur le devant d'une frise encadrée d'un rang de perles, le dessus orné d'une guirlande de feuilles de vigne et raisins, sur le côté un socle orné d'une guirlande idem sur lequel est posée un cassolette surmontée d'une flamme ornée de trois têtes de faune portées par 3 pieds de biche, ledit de 16 pouces de large sur 17 de haut, pelle, pincette, et tenaille à bouton en bronze doré "
(AN Maison du Roi O/1/3398, folios 143-144).


Les informations évoquant leur présence à Versailles n'ont été délivrées que le lendemain, le 14.
http://versailles.forum-actif.net/les-meubles-f34/prochaines-ventes-aux-encheres-t200-90.htm?highlight=ventes+aux+ench%E8re
(page 7)

Trop tard, me semble-t-il, pour influencer les enchères et empêcher un achat ou une préemption par Versailles.

Je souscris à ce souci de discrétion mais je crois que dans ce cas ci, le reproche est infondé.

Cher Lebrun,
vous et moi savons très bien que les rumeurs et le bouche à oreille ont plus de poids que les notices souvent médiocres des catalogues. Vous remarquerez que dans cette notice, il n'est pas fait mention de Versailles, élément que notre forum a apporté, et qui était connu des enchérisseurs le jour de la vente, ce qui explique que l'enchère soit monté relativement haut, plus que si l'objet n'avait été connu que comme provenant de Fontainebleau.

Bourcet

Cher Bourcet,

Vous le savez d'expérience, les acheteurs, marchands et collectionneurs, capables d'acquérir des pièces de cette importance ont aussi accès aux informations que le site peut mettre quelquefois en ligne.
Une importante doocumentation et des chargés de mission sont affectés à ce type de recherche, il ne m'étonne pas du tout que la provenance Versailles ait été sue d'un certain nombre d'acquéreurs potentiels avant la vente.
Et je le répète, l'information précise concernant la provenance de ces feux a été mise en ligne le lendemain de la vente.

Bonjour, me sentant quelque peu visé par cette rubrique,
j'aimerai répondre de façon politicienne "responsable mais par coupable".

Je tiens à signaler que la conservation de Versailles ne pouvait ignorer la provenance de cet objet.
Elle disposait des mêmes documents d'inventaires sur lesquels je me suis basé pour décrire l'appartement de Madame Elisabeth en n'y portant que quelques élements de description quand j'en possédai le détail, jusqu'au numéro d'inventaire.

Est-ce trop ? peut-être ? mais limiter le post à "une chaise, un paire de chenets ..." n'aurai à mon sens aucun intérêt car trop limité et peu évocateur.

Que d'autres personnes aient eu connaissance de cette provenance, même non memtionnées sur le catalogue, est pour moi évident.
On pouvait donc s'attendre à une vive bataille d'enchères, d'autant que même incomplet le pedigree de l'objet était déjà "porteur" financièrement parlant. Et que les grands collectionneurs sont très bien conseillés par certains conservateurs de musée d'ailleurs.

Je m'étonne au passage que Versailles ait manqué de fonds à cette occasion et dépensé plus du double pour acheter des dessins les semaines suivantes.

Mais je retiens humblement la leçon. Désormais mes posts d'inventaires, si j'en fais d'autres, seront les plus vagues possibles.
Et je me garderai dorénavant de répondre aux sollicitations de tous ordres par mails publics ou privés me demandant des précisions et compléments d'informations, d'ou qu'ils viennent,
Car qui sait qui se cache derrière certains pseudos : antiquaires, marchands, chercheurs en manque d'inspiration.

A bon entendeur, salut,
Mieux vaut tard que jamais,
Un forumeur averti en vaut deux.
J'en passe et des meilleures

Chers Monsieur de Bourcet,

Malgrè tous le respect que je vous porte et le plaisir que j'ai souvent à vous lire je ne suis absolument pas votre logique. Il me semble qu'il faudrait arréter de croire que les gens sont incapables d'additionner deux et deux, a fortiori des collectionneurs. Les secrets d'initiés sont souvent les plus éventés.

Bien à vous.

M. de Bourcet a 1000 fois raison !!!!
Il y a sur ce forum un certain nombre de membres à avoir quelques petites connaissances sur Versailles, mais résistons à l'envie (et moi le premier qui suis souvent tenté...) de faire les savants car cela abouti à des déceptions. Imaginez "la catastrophe" : quelqu'un comme M. Baulez qui sur ce forum ferait révélations sur révélations comme il pourrait le faire vu l'étendue de ses connaissances !!!
Chapeau à M. de Noisy pour son fair-play.

Au plaisir,

M.