Exposition Remeubler Versailles

Et j'oubliai le sublissime et grandissime tapis de la chambre de la Dauphine



Notice du site de chateau :
Tapis de la Savonnerie livré pour la chambre de la Dauphine
Pour présenter cette oeuvre de grandes dimensions qui mesure environ 9,50 m sur 9 m, le parti pris du scénographe a été de la fixer sur une demi-coque, afin que le visiteur puisse, grâce cette présentation verticale, prendre pleinement conscience de la richesse de la composition de la qualité du travail réalisé.

Tapis exceptionnel, comme l'a relevé Jean Vittet : « l'un des plus grands chefs-d'oeuvre de la manufacture de la Savonnerie au XVIIIe siècle », il a été commandé pour la chambre de la Dauphine, Marie-Josèphe de Saxe, au rez-de-chaussée du corps central de Versailles.
Il a coûté la somme considérable de 13 700 livres et plus de trois années ont été nécessaires à sa réalisation ; il n'a été livré qu'en juillet 1757.
Par la suite, le tapis a été en usage dans le salon des jeux de Marie-Antoinette à Versailles, l'actuel salon de la Paix.

La disposition des ornements est remarquable bien que traditionnelle ; ils se développent à partir d'une structure en bandes dorées - encore dans l'esprit du Grand Siècle - où peuvent venir brocher des feuilles d'acanthe bleues, des guirlandes de fleurs, des palmes, des rinceaux et arabesques, et des branches de lys au naturel dans les angles, témoignage de sa destination première, ainsi que quatre beaux trophées des Arts, des Sciences, de la Guerre et de la Paix, dus au peintre Gravelot qui par ailleurs a donné le dessin général du tapis.
Ce dessinateur a pris le parti d'adapter une rosace rayonnante au centre et de reprendre en bordure le schéma de la corniche et du plafond de la chambre de la Dauphine avec cartouches médians et aux angles.
L'ensemble est agrémenté de guirlandes de fleurs d'une grande précision naturaliste, dues au peintre Louis Tessier dont c'était la spécialité.

C'est de la Première République que datent les chiffres RF, succédant aux fleurs de lys.
Au même moment, des couronnes de France ont laissé place à des fragments de tabourets de Savonnerie rentrayés.
Seuls les doubles L subsistent.

Par ses intentions décoratives et l'ampleur du parti choisi, ce tapis constitue sans doute l'une des œuvres déposées
à Versailles récemment qui correspond le mieux à l'esprit si particulier de la production d'Ancien Régime pour Versailles.



Bureau plat livré pour le cabinet de travail du Dauphin à Fontainebleau

Ce très beau bureau a été livré pour le cabinet de travail du Dauphin, fils de Louis XV, à Fontainebleau en 1745.
Par son élégance, par la qualité de son placage en bois de violette et de ses bronzes dorés, ce meuble semblait être de provenance royale.
Cette hypothèse a été confirmée en 2006, grâce à la lecture par rayons infra-rouge de son numéro d'inventaire, quasiment effacé ;
le bureau a alors été restauré dans le cadre du concours du Meilleur Ouvrier de France en 2007, par David Grigny (que je salue au passage !!!).
Ayant servi à Versailles après la mort du Dauphin (1765), il est présenté avec son fauteuil de bureau, livré simultanément par le tapissier Sallior.

Il est à noter qu'au moment où le Mobilier national déposait ce bureau, la conservation de Versailles acquérait aux États-Unis le fauteuil qui avait servi au prince à Fontainebleau !
Dès lors, les présenter ensemble, tels que le Dauphin les a vus, s'imposait.



Vase acheté pour Madame Du Barry

Le goût de Madame Du Barry est magnifiquement illustré ici, par la présentation de deux vases de Luigi Valadier ayant appartenu à la favorite de Louis XV, véritable ambassadrice de son art en France.

Dans son officine regroupant bronziers, orfèvres, lapidaires, sculpteurs et ébénistes, Valadier, bronzier et orfèvre de Rome le plus en vue de l’époque, recréait une Antiquité inspirée des découvertes archéologiques, exaltée par la préciosité des matériaux employés.
En 1772, l’architecte Charles de Wailly a été chargé par Madame Du Barry d’acheter des œuvres de Valadier, notamment les deux vases présentés, qui ont été remis à la comtesse le 1er mai 1773.

Ces deux pièces, comme souvent dans l’oeuvre de Valadier, s’inspirent d’antiques dont les éléments sont habilement recomposés, transfigurés par la combinaison des matériaux précieux :
- le vase Borghèse qui avait été installé à la Villa Borghèse en 1645.
- le vase Médicis qui figurait dans les collections de la Villa Médicis depuis la fin du XVIe siècle (puis transféré à Florence en 1780).

La forme même, sculptée dans le marbre blanc, s’inspire de celle du vase Medicis qui, à la différence du vase Borghèse, est muni d’anses et présente une panse ornée de rinceaux feuillagés.
Toutefois, la silhouette générale est transformée par Valadier qui remplace le corps légèrement évasé des modèles antiques par un tambour de porphyre cylindrique.
Sur ce fond de porphyre, les scènes des bas-reliefs sont traitées en bronze doré, le « sacrifice d’Iphigénie » d’après le vase Médicis et une bacchanale d’après le vase Borghèse.
Malgré leur aspect général, les vases ne forment pas à proprement parler une paire :
le vase au sacrifice d’Iphigénie est légèrement plus petit et surtout il ne comporte pas d’ornement de bronze doré sur la bague de porphyre du piédouche.
De fait, ces vases devaient être perçus comme des objets suffisamment précieux et monumentaux pour être exhibés seuls.

Livrés à Madame Du Barry en 1773, ont-ils été tout d’abord placés dans son appartement de Versailles, ou ont-ils été portés directement au pavillon de musique de Louveciennes, inauguré par le Roi en septembre 1771 ?
C’est en tout cas dans ce fameux pavillon, dont ils ornent les niches du grand salon, qu’ils vont figurer jusqu’à la Révolution.

(Merci à M. de Tarente de m'avoir signalé ces focus d'oeuvres sur le site de Versailles)

Le tapis est superbe , malgré la perte des couronnes et des fleurs de lys .

Et que dire de cette paire de vases de Sèvres ....des merveilles , mais semble-t-il sans leurs couvercles .

J'ai vraiment hête que nous puissions découvrir tous ces dépots en situation , avec les nouveautés que nous ne manquerons pas de découvrir .

Merci M de Noisy pour les inédits

Rapidement dès ce matin, la suite en images.
Les notices seront complétées au fur et à mesure.
Pour les sièges, le parti pris a été de les présenter non-garnis.

Le bureau livré pour le Dauphin à Fontainebleau :



Le fauteuil qui l'accompagnait et qui lui sera désormais réuni.
Vous noterez que les bouts de pieds ont été restitués et la dorure reprise :









L'encoignure de BVRB:



Commode livrée par Mondon en 1745 pour les second cabinet des entresols de Mesdames à Marly :



Chaise pour le service :



Pour Mesdames à Bellevue, ce bas d'armoire :





Ce secrétaire à abattant accompagné d'une encoignure :





Le fauteuil livré pour Mme de Pompadour au château de Crécy.
La sculpture des bois est virtuose :







Un des fauteuils Artois :



La paire de consoles livrée par Beneman pour le cabinet de la poudre de Louis XVI à Fontainebleau :









Un ensemble de sièges regroupant ceux du Grand Contrôle, du service de Monsieur et de Marie-Antoinette aux Tuileries (le détail suivra):



Quelques meubles pour le Petit Trianon de Marie-Louise et du duc d'Orléans:



La vitrine des bronzes et des porcelaines :













Les vases Valadier (1770) pour Mme du Baril :





Enfin, le somptueux tapis livré pour la Dauphine dont je dirais qu'aucune photo ne peut rendre convenablement le chatoiement des couleurs.

Merci beaucoup pour ce clichés "brut de dépôt". Nous aurons tout loisir de revoir ultérieurement ces siège regarnis.
Entre les identifications récentes et les lenteurs plus anciennes, félicitons-nous de tous ces retours.

Nous aimerions parfois être petite souris pour connaître le dernier lieu d'utilisation de ces merveilles.

Les vases "du Barry", qui devaient être très à la mode au moment de la Révolution ont aussi un autre intérêt. Ils montrent, pour les avoir vu dans l'appartement de la favorite, que ceux-ci sont de proportions bien grande pour le lieu.
A connaître par les inventaires la masse de meubles et d'objets d'art qui ornait ces lieux, superbes dans le détail, on est frappé par ce goût de la richesse, plus que de son accord avec le cadre destiné à les présenter.

Il faut aussi se féliciter du retour du mobilier de l'époque impériale pour les Trianons dont nous avions déjà parlé.

Cher Lebrun, un grand MERCI pour cette avant-première et ces somptueux clichés, que l'on a du mal à croire avoir été pris à la dérobée.

Effectivement, cher Vidâme, les oeuvres étant propriété de l'Etat, l'interdiction de photographier ne s'appliquait (en principe) pas.
Ganymède, que j'ai croisé, a beaucoup mitraillé lui aussi.

merci cher Lebrun pour ces photos j'en suis tout ébaubi
que d'objets à examiner que de questions à poser !
le fauteuil de Crécy est absolument admirable de sculpture et de forme une merveille qui dirait on a conservé une bonne partie de sa dorure.
a t'on des indications sur la pendule n°11 et sur les bras de lumières n°3 ?
merci de tout nous dévoiler à nous pauvres provinciaux ou étrangers !!!

Et voici (enfin !) le long dossier de presse paru aujourd'hui même sur le site du château :

http://www.chateauversailles.fr/resources/pdf/fr/presse/dp-expo-mobilier-national.pdf

J'apprécie beaucoup ce dossier de presse, tant pour les introductions des responsables de Versailles et du Mobilier national, que par les commentaires concernant les dépôts.
Qu'il soit permis de trouver intéressant ce qui concerne les oeuvres contemporaines qui jalonnent, appréciées ou non, l'Histoire de l'art, et leur confrontation dans un lieu de pouvoir ancien, alors qu'elles ont vocations a remplir la même fonction ailleurs, aujourd'hui, dans un contexte équivalent.
Montrons-nous tolérant pour ceux qui apprécient cette manifestation éphémère (et rare, celle-là).

J'ai noté que les pieds du fauteuil de bureau du Dauphin ont finalement été complétés.

Effectivement,
La conservation a opéré cette restauration pour rendre le siège "présentable".
Visiblement, la dorure a également été restaurée et non refaite.

Voici une autre vue de l'encoignure de BVRB présentée à l'exposition dont l'histoire devrait être completée par un article à venir dans Versalia :


Bernard Van Risen Burgh (1696-1766)
Encoignure
Chêne, bois de rose, amarante, bois de violette -
89 x 60 x 45 cm
Versailles, Musée national du Château
Dépôt du Mobilier National
Photo : RMN

Par ailleurs, le mérite de cette exposition est d'ouvrir la voie à de passionantes chasses aux trésors,
je pense en particulier à l'ensemble de sièges de Mme de Pompadour à Crécy dont il reste à retrouver désormais 7 fauteuils, 2 grand canapès à confidents, 2 écrans et 2 consoles.

trés belle encoignure typique de BVRB par sa marqueterie , il manque peut ^^etre certains bronzes mais c'est un beau meuble qui augment la collection versaillaise:
armoire de laque rouge
bureau du dauphin (du gand cabinet)
encoignures de laque
table à écrire de la dauphine
dos d'âne de la même

il manque vraiment une belle commode de cet ébéniste au chateau pour compléter cette collection

Effectivement, un peu trop de meubles de Riesener à mon gout,
rappelons que deux commodes de BVRB d'origine versaillaise sont identfiées,
celle de la chambre de la dauphine (passée en vente publique) et
celle de la chambre du dauphin (collection privée parisienne).
Ne désespérons pas.

Des photos de détails de meubles et objets ont été ajoutées à mon précédent compte-rendu.

http://www.latribunedelart.com/le-chateau-de-versailles-raconte-le-mobilier-national-article003282.html

Commentaire très critique de Didier Rykner sur le travail de Jacques Garcia...

Bonjour,

Voici d'autres photos de l'exposition datant du 20 septembre 2011.

























Et dans la Galerie des Glaces :





Cordialement,

Merci pour ces très belles photos de l'exposition. Ce n'est que mon avis (et je ne sais pas ce qu'il en est des conséquences pour l'oeuvre) mais je trouve la présentation du tapis très interessante.

Un enrichissement merveilleux. De fort belles pièces. On peut regretter qu'il ait fallu si longtemps pour que ces objets aillent du MN à Versailles.

Ou plutot se réjouir du résultat enfin sous nos yeux !!!

En attendant les futurs travaux de remeublement avec cette manne providentielle.

Commode de Mondon et encoignure de BVRB chez Mme de Pompadour,
Sièges du grand controle et de Monsieur pour l'appartement Maurepas ?
Meubles de Bellevue pour les cabinets intérieurs de Mesdames...

Exposition qui semble magnifique tant par la richesse des objets exposés que celle du dépôt du mobilier national!

Grand merci pour toutes ces photos!


Une petite question:

* Est-ce que ce sont de nouvelles chaises ou proviennent-elles du Grand Trianon pour le décor comme les tableaux?


9e photo de Louis (et une visible dans une photo quasi identique de Lebrun)

Elles ressemblent étrangement aux chaises déjà présentes au Grand Trianon pour le salon de la chapelle et placées dans l'antichambre des seigneurs.

Une petite remarque:

Il me semble "aussi" que le bas d'armoire pour Mesdames à Bellevue est "connu" du forum et qu'il fut autrefois présenté par M. de Bourcet. Je n'ai pas retrouvé le lien pour l'instant.

Effectivement les deux chaises ressemblent à celles livrées pour le service de l'mpératrice :


Chaise à dossier ajouré, livrée par Pierre Benoit Marcion
pour l'antichambre de l'appartement de l'Impératrice au Grand Trianon (salon des Seigneurs)
(C) RMN

D'autres sièges dans la pièce proviennent des fabriques du hameau, toujours pour Marie-Louise,

Le bureau du fonds est une oeuvre de Benneman livré pour le service de la maison royale vers 1790 et porte la marque GG.
En revanche, aucune précision de provenance historique pour la table à la Tronchin.

A signaler également que les pages consacrées aux collections du chateau présentent un nouvel onglet sur les dépots du Mobilier National,
Espace vide pour l"heure à l'exception du paravent du cabinet doré de Marie-Antoinette (absent de l'expo).

La notice signale également d'autres dépots à illustrer :
- Une paire de chenets par Pitoin pour la chambre de Madame Adélaïde à Fontainebleau (GML 5870.1), probablement ceux de l'expo,
- Une table à écrire portant la marque W du chateau de Versailles (non présentée).

Merci à vous pour ces photos, ne pouvant pas me rendre à l'exposition pour le moment, votre contribution est très appréciable!

Je ne puis cependant que me poser des questions sur cette mise en scène assez baclée en ce qui concerne les objets anciens... Une mise en situation comme chez le Dauphin et la Dauphine aurait été plus heureuse... Je rejoins en ce sens les critiques de Didier Rykner, dont l'article a été posté par Voyageur.

Comme je l'ai déjà souligné, à la décharge des conservateurs et du décorateur responsables de l'exposition, celle-ci était originellement programmée dans les salles d'Afrique et de Crimée.
Elle devait avoir une plus grande ampleur et une scénographie plus "palatiale" (tapisseries, éléments de décors anciens tirés des réserves...).
Ce changement de programme imposé par la direction du musée a obligé de repenser dans l'urgence la scénographie et poussé malheureusement à un choix bien plus restreint d'oeuvres exposées.
Et l'on peut légitimement regretter que la présentation des oeuvre anciennes ait été sacrifiée au profit des oeuvres modernes.
On devra donc en attendant les restaurations et mises en place se reporter au catalogue pour apprécier l'étendue des dépots du Mobilier National.
Il est fort dommage de claironner un tel enrichissement pour n'en point montrer la totalité !!!!

La chaise de Marcion exposée ne fut pas place dans le salon des Seigneurs pour lequel on les avait commandée, mais dans le billard de anpoléon, actuel salon des jardins.
Certaines furent vendues, d'autres existaient encore à Versailles. Une opportunité de rachat permis de rassembler la plupart de ces chaise et de la faire restaurer et tendre l'étoffe chamois qu'elle ont connues.

Deux autres, il me semble, selon M Benoit, retrouvées au Mobilier national, ont donc été déposées plus récemment et l'une d'entre elle est donc exposée.

L'ensemble est placé dans l'antichambre de l'Impératice/salon des Seigneurs au Grand Trianon pour y évoquer leur rôle initialement prévu et la fonction de salle à manger de la pièce.


Sauf erreur, 16 sont déjà en place. avec les deux du mobiier national cela amène l'ensemble à 18 sur 24 chaises au total.

Comme pour la salle à manger de Louis XVI au château, le "nombre" de siège est nécessaire à l'évocation de la fonction de la pièce.

Bonjour,

Voici d'autres photos de l'exposition datant d'aujourd'hui :



























Cordialement,

De source sûre, lors du démontage de l'exposition, il est prévu que M. Rondot installe le tapis de la Dauphine dans le salon de la Paix le temps d'un séance photo. Cela devrait venir compléter les simulations faites par Mansard.