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Histoire, description et guide du chateau de Versailles
Carmontelle ou le temps de la douceur de vivre, à Chantilly
5 participants
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G.M. co-Admin
Nombre de messages : 12987 Localisation : Entre le comté d'Eu, les Tuileries, Versailles, Fontainebleau, et la principauté de Dombes Date d'inscription : 13/02/2012
Sujet: Carmontelle ou le temps de la douceur de vivre, à Chantilly Lun 14 Sep 2020 - 10:05
“Carmontelle” ou le temps de la douceur de vivre au Cabinet d’Arts Graphiques Domaine de Chantilly du 5 septembre 2020 au 3 janvier 2021
Le musée Condé à Chantilly conserve la plus belle collection au monde de Carmontelle avec 484 portraits dessinés et un transparent. Cette collection est mise à l'honneur au Cabinet d'arts graphiques du Château de Chantilly du 5 septembre 2020 au 3 janvier 2021.
Commissariat : Nicole Garnier-Pelle, conservateur général du Patrimoine chargée du musée Condé.
Auteur dramatique, dessinateur, paysagiste, Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717-1806) est un brillant amateur dont les multiples talents reflètent le milieu cultivé et cosmopolite dans lequel il évolue. Ordonnateur des fêtes du duc d’Orléans, célèbre pour ses portraits comme pour ses comédies improvisées appelées Proverbes, il dessine le parc Monceau à Paris pour le duc de Chartres et met au point les transparents, rouleaux de papier faisant défiler de riants paysages.
De Mozart à Buffon, de Rameau au baron Grimm, il dresse le portrait fidèle du tout-Paris du milieu du XVIIIe siècle : princes du sang, écrivains, philosophes, musiciens, scientifiques, belles élégantes du « temps de la douceur de vivre », selon le mot de Talleyrand sur l’Ancien Régime. Grâce à Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897), descendant des Orléans qui rachète la majeure partie de ce fonds en 1877, le musée Condé à Chantilly conserve la plus belle collection au monde de Carmontelle avec 484 portraits dessinés et un transparent.
Débuts
Fils d’un maître cordonnier parisien, Louis Carrogis, après des études de géométrie, est « ingénieur » en 1744. Pour faire oublier sa modeste extraction, il prend le nom de Carmontelle. Durant la guerre de Sept Ans (1756-1763), il participe aux campagnes comme topographe, croquant les soldats de son régiment et faisant jouer des comédies improvisées. Ses premiers dessins sont alors exécutés à la pierre noire et à la sanguine, à la différence des œuvres postérieures. Au service des Orléans. « Des portraits mauvais, mais ressemblants » (Grimm)
En 1759, son ami le chevalier de Pons propose au duc Louis- Philippe d’Orléans (1725-1785) de nommer Carmontelle lecteur de son fils Louis-Philippe-Joseph, duc de Chartres (1747-1793), futur duc d’Orléans et futur Philippe Egalité. Il réalise alors les portraits à la gouache et à l’aquarelle de toute la cour des Orléans du Palais-Royal, à Saint- Cloud et Villers-Cotterêts de 1755 à 1784, sous Louis XV et Louis XVI. «Cette place, quoique honorable, dit Mme de Genlis, était en quelque sorte subalterne, puisqu’elle ne donnait pas le droit de manger avec les princes, même à la campagne ». Dessinateur amateur, Carmontelle privilégie par facilité les portraits de profil, selon la mode lancée par Etienne de Silhouette (1709-1769), dissimulant ainsi son manque de technique. Il parsème ses portraits d’objets symboliques : scientifiques au travail, musiciens jouant de leur instrument, cantatrices sur scène, veneurs à cheval, collectionneurs avec leurs objets favoris, et s’attache aux costumes, étonnamment diversifiés. Les fonds sont, tantôt des appartements luxueux, tantôt des jardins animés de fontaines
Selon le baron Grimm, secrétaire du duc d’Orléans (1763): « M. de Carmontelle se fait depuis plusieurs années un recueil de portraits dessinés au crayon et lavés en couleurs de détrempe. Il a le talent de saisir singulièrement l’air, le maintien, l’esprit de la figure plus que la ressemblance des traits. Il m’arrive tous les jours de reconnaître dans le monde des gens que je n’ai jamais vus que dans ses recueils. Ces portraits de figures, toutes en pied, se font en deux heures de temps avec une facilité surprenante. Il est ainsi parvenu à avoir le portrait de toutes les femmes de Paris, de leur aveu. Ses recueils, qu’il augmente tous les jours, donnent aussi une idée de la variété des conditions ; des hommes et des femmes de tout état, de tout âge, s’y trouvent pêle-mêle, depuis M. le Dauphin jusqu’au frotteur de Saint-Cloud ». Les Proverbes « L’ami Carmontelle fournit des pièces comme des petits pâtés » (Grimm)
Pour distraire la famille d’Orléans, de Condé ou les amis de Mme d’Epinay à Montmorency, Carmontelle écrit des comédies ou proverbes dans la tradition du théâtre amateur, sur le thèmes des relations conjugales et des dettes, et publie ses oeuvres de 1768 à 1781 ; son nom et celui de Diderot sont réunis sur une affiche de théâtre en 1769. Selon Grimm (1771) : « Il est lui-même auteur passable ; il dessine fort bien pour un homme dont ce n’est pas le métier ; il a du goût et c’est un des ordonnateurs de fêtes de société le plus employé à Paris », mais pour Diderot : « M. de Carmontelle n’a jamais pu faire une comédie supportable.»
Carmontelle critique de Salons.
Carmontelle l’amuseur, Carmontelle l’amateur, s’intéresse aux tendances artistiques nouvelles. Dès 1765, dans ses Salons, Diderot rapporte leur discussion sur la peinture religieuse. Sensible à l’art de Greuze, il apprécie David et publie régulièrement mais de façon anonyme des critiques de Salon de 1779 à 1789.
Le créateur de « jardins naturels »
A cinquante ans passés, Carmontelle devient paysagiste. En 1769, le duc de Chartres achète le domaine de Mousseaux au pied de la colline de Montmartre : topographe, amateur de jardins et de fêtes, Carmontelle y crée la « Folie de Chartres » (1770-1774), dont une partie est l’actuel parc Monceau. Il appelle ce parc « un jardin naturel », animé de fabriques, dénigrant les pelouses à l’anglaise et critiquant la simplicité de Jean-Jacques Rousseau. Cela rend Carmontelle célèbre, mais le duc de Chartres fait appel au paysagiste écossais Thomas Blaikie qui modifie le parcours.
Les transparents
Dans les années 1780, pour amuser la cour des Orléans, il met au point un système permettant de dérouler un paysage peint de façon continue sur plusieurs feuilles de papier collées. « Carmontelle, écrit Mme de Genlis, a eu l’idée de faire sur papier transparent une espèce de lanterne magique toute composée de gracieuses scènes d’invention représentant des paysages. » Sa vente après décès en mentionnait onze réalisés de 1783 à 1804. Cinq sont aujourd’hui conservés dans des musées dont deux aux Etats-Unis, au J. Paul Getty Museum à Los Angeles, dans la collection Rachel Lambert Mellon à la Oak Spring Garden Library à Upperville, Virginie, et trois en France, au musée du Louvre, au musée de l’Ile-de-France à Sceaux et au musée Condé (ce dernier mesure 12 mètres).
A la Révolution, Carmontelle voit disparaître le duc d’Orléans, guillotiné en 1793. Il n’émigre pas et meurt à 89 ans en 1806 à Paris. Son acte de décès le désigne comme « rentier et homme de lettres » : délicieux dessins et prodigieux transparents n’étaient donc qu’amusement d’amateur.
Histoire des dessins du musée Condé, de Carmontelle au duc d’Aumale.
Sous Louis XVI, le Garde des Estampes du Roi Hugues-Adrien Joly (Paris, 1718-1800) avait songé à acquérir l’ensemble des portraits. En 1776, Diderot avait recommandé à Grimm de les proposer à la cour de Russie ; Catherine II n’acheta pas l’ensemble, mais en fit graver vingt-quatre. L’ensemble des portraits était resté groupé, car Carmontelle ne donnait pas les dessins à ses modèles, mais leur en offrait des copies. En 1807, lors de sa vente après décès, la collection comprenait 750 portraits. Le chevalier Pierre-Joseph Richard de Lédans (1736-1816), officier en retraite ami de Carmontelle, les racheta, puis en vendit quelques uns. A sa mort en 1816, 530 portraits de Carmontelle furent rachetés par Pierre de La Mésangère, directeur du Journal des dames et des modes. En 1831 à sa vente, 440 dessins, soit 520 portraits, furent acquis par un écossais, le major Gordon Duff, et passèrent en Écosse. Le duc d’Aumale et Carmontelle.
Petit-fils de Philippe Egalité, le duc d’Aumale ne pouvait que s’intéresser à Carmontelle qui avait dressé les portraits de la cour du Palais Royal. Il voulait faire revenir en France ces dessins exilés en Angleterre, car d’un grand intérêt pour l’histoire familiale, pour l’histoire du goût et pour l’histoire de France. Il achète en 1877 pour 4 500 £ (112 500 francs) 440 dessins de Carmontelle (soit 520 personnages) par l’intermédiaire d’Andrew Mac Kay, de la galerie Colnaghi, qui procura ensuite au duc d’Aumale quelques autres dessins. A sa mort en 1897, le duc d’Aumale possédait ainsi 484 dessins, soit 562 portraits. En 1936, Gabriel Dessus donne au musée Condé un transparent long de 12 mètres.
Aucun musée au monde ne dispose d’un fonds aussi important et diversifié que le musée Condé. Carmontelle nous livre un témoignage précieux, presque un instantané, de la société d’Ancien Régime qui allait disparaître avec la Révolution.
Autoportrait de Louis Carrogis, dit Carmontelle (Paris, 1717 ; Paris 1806). Mine de plomb, sanguine, aquarelle et gouache ; H. 24,8 cm ; L. 19 cm.
_________________ « Il n’y a pas d’endroit à Versailles qui n’ait été modifié dix fois, et souvent il arrive que c’est tant pis. » Élisabeth-Charlotte, princesse Palatine, duchesse d'Orléans (1652-1722)
Lebrun Princesse, Prince du Sang
Nombre de messages : 6940 Age : 54 Localisation : Paris Date d'inscription : 06/12/2007
Sujet: Re: Carmontelle ou le temps de la douceur de vivre, à Chantilly Mar 15 Sep 2020 - 14:56
Magnifique expo que je recommande à tous les amateurs de dessins, du XVIIIe, de la gens orleanis et de Chantilly.
G.M. co-Admin
Nombre de messages : 12987 Localisation : Entre le comté d'Eu, les Tuileries, Versailles, Fontainebleau, et la principauté de Dombes Date d'inscription : 13/02/2012
Sujet: Visite exposition Carmontelle Chantilly Nicole Garnier Jeu 1 Oct 2020 - 15:25
[Visite privée] Carmontelle au château de Chantilly 30 sept. 2020 - Scribe Accroupi
Carmontelle (1717-1806) est un officier au service des Orléans qui représente les hôtes du Palais-Royal à la pierre noire, à la gouache et à l’aquarelle. Nicole Garnier, conservateur générale du Patrimoine chargée du musée Condé, nous fait découvrir ce dessinateur amateur - mais amateur éclairé - du XVIIIe siècle qui a "fait poser devant lui la société de son temps", selon les Goncourt.
_________________ « Il n’y a pas d’endroit à Versailles qui n’ait été modifié dix fois, et souvent il arrive que c’est tant pis. » Élisabeth-Charlotte, princesse Palatine, duchesse d'Orléans (1652-1722)
valmont Princesse, Prince Etranger
Nombre de messages : 3174 Age : 52 Localisation : Paris Date d'inscription : 11/07/2007
Sujet: carmontelle chantilly Sam 10 Oct 2020 - 18:04
L'exposition est plaisante pour les petits détails vestimentaires et mobiliers que les illustrations nous apportent, les cartels ne sont pas sans reste sur des anecdotes à propos des personnages représentés.
Quelques portraits choisis parmi les moins connus :
Lebrun Princesse, Prince du Sang
Nombre de messages : 6940 Age : 54 Localisation : Paris Date d'inscription : 06/12/2007
Sujet: Re: Carmontelle ou le temps de la douceur de vivre, à Chantilly Lun 12 Oct 2020 - 22:06
En complément :
Lebrun Princesse, Prince du Sang
Nombre de messages : 6940 Age : 54 Localisation : Paris Date d'inscription : 06/12/2007
Sujet: Re: Carmontelle ou le temps de la douceur de vivre, à Chantilly Lun 12 Oct 2020 - 22:10
Voilà pour le gratin.
Lebrun Princesse, Prince du Sang
Nombre de messages : 6940 Age : 54 Localisation : Paris Date d'inscription : 06/12/2007
Sujet: Re: Carmontelle ou le temps de la douceur de vivre, à Chantilly Lun 12 Oct 2020 - 22:15
L’œuvre emblématique de Carmontelle a été prêtée par le collectionneur qui s’en était porté acquéreur lors de la dernière vente Orléans
G.M. co-Admin
Nombre de messages : 12987 Localisation : Entre le comté d'Eu, les Tuileries, Versailles, Fontainebleau, et la principauté de Dombes Date d'inscription : 13/02/2012
Sujet: Nicole Garnier exposition Carmontelle Mer 26 Mai 2021 - 11:14
Nicole Garnier, Conservateur Général du Patrimoine au musée Condé, vous présente l'exposition "Carmontelle, le temps de la douceur de vivre" prolongée jusqu'au 1er août au Château de Chantilly.
_________________ « Il n’y a pas d’endroit à Versailles qui n’ait été modifié dix fois, et souvent il arrive que c’est tant pis. » Élisabeth-Charlotte, princesse Palatine, duchesse d'Orléans (1652-1722)
G.M. co-Admin
Nombre de messages : 12987 Localisation : Entre le comté d'Eu, les Tuileries, Versailles, Fontainebleau, et la principauté de Dombes Date d'inscription : 13/02/2012
LOUIS CARROGIS, dit CARMONTELLE (PARIS 1717-1806) Portrait de Jean-Baptiste-François de Montullé (assis) et de son neveu Jean-Baptiste d’Albertas. Christie's 2022 | Live Auction 20906. The Collection of Pierre Durand. 205.
Fils de Jean-Baptiste de Montullé, seigneur d'Hangsé et de Salles, conseiller au Parlement de Paris et de Françoise Glucq († 1730), Jean-Baptiste-François de Montullé, conseiller d'État, acheta en 1754 la charge de secrétaire des commandements de la reine Marie Leszczyńska ; au décès de celle-ci, cette charge devint celle de la Dauphine.
_________________ « Il n’y a pas d’endroit à Versailles qui n’ait été modifié dix fois, et souvent il arrive que c’est tant pis. » Élisabeth-Charlotte, princesse Palatine, duchesse d'Orléans (1652-1722)
Alain Roger-Ravily + Petite-Fille, Petit-Fils de France
Nombre de messages : 12920 Date d'inscription : 24/10/2011
Sujet: Re: Carmontelle ou le temps de la douceur de vivre, à Chantilly Mer 22 Déc 2021 - 11:28
Je viens de vérifier dans la base du musée Condé, il manque bien, le duc d'Aulake pourrait avoir eu une estampe publiée par Carmontelle lui-même. On espère que les amis du musée Condé pourront se mobiliser pour réunir ce nouveau portrait à l'imposante collection des personnages représentéspar Carmontelle.
M. de Noisy Admin
Nombre de messages : 24618 Age : 59 Localisation : Royaume de France et de Navarre Date d'inscription : 21/02/2006
Sujet: louis carrogis carmontelle transparent aquarelle balhilde orleans bourbon conde carrosse Ven 1 Nov 2024 - 12:05
en rapport, évoquant le délassement et les menus plaisirs à Chantilly. Au passage, si l'un d'entre-vous peut me donner le nom spécifique de l'étranger attelage promenant ces dames, je suis preneur :
Louis CARROGIS, dit CARMONTELLE (Paris, 1717 – 1806) Deux fragments de transparent aquarelles gouachées sur trait de plume et encre noire
Bathilde d'Orléans et le duc de Bourbon Condé faisant boire leurs chevaux au bord d'un plan d'eau
Le cocher Condé et son valet Orléans conduisant un cortège de dames devant une scène de théâtre dans un parc
Carmontelle transcrit ce qu’il voit, ce qu’il entend. Ainsi, sur la paire d’aquarelles présentées, on remarque la cavalière en robe jaune, sur un cheval au tapis de selle bleu donnant un ordre à un cavalier en tenue rouge galonnée de bleu: c’est Bathilde d’Orléans dont les couleurs sont rouge et bleu, mariée au duc de Bourbon Condé, dont les couleurs sont bleu et jaune chamois. Sur l’autre, dans une calèche à ces couleurs où sont juchés les cochers Condé et son valet Orléans, est un groupe de dames en robes blanches: elle en avait lancé la mode pour faire pendant au costume de chasse rouge des messieurs !
_________________ "Oui, Sire, le moulin a disparu mais le vent est resté", M. de Gramont.
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Sujet: Re: Carmontelle ou le temps de la douceur de vivre, à Chantilly
Carmontelle ou le temps de la douceur de vivre, à Chantilly