Arras : Cent chefs-d'Oeuvre de Versailles

Il faudrait surtout appeler à l'utilisation d'arguments fondés sur la réalité. Il n'est pas question de vider Versailles et Trianon mais de déplacer à Arras pour dix-huit mois des meubles et objets d'art pour certains  des chef-d'œuvre, pour partie exposés, pour partie en réserve.
Pour regrettable que cela paraisse pour les passionnés de Versailles que nous sommes, (n'ai-je pas moi aussi parlé de pincement au cœur?)cela n'autorise pas pour autant à qualifier le phénomène d'adjectifs hors de proportion avec la réalité de l'opération pour la transformer en "vidage". C'est intellectuellement inapproprié.

bonsoir

voici un article de la tribune de l'art du 2 septembre 2014:

http://www.latribunedelart.com/des-specialistes-de-la-sculpture-confirment-les-dangers-du-transport-des-bains-d-apollon

Cordialement

Anne-Charlotte

Je pense que l'article incrimine bien à tort Mme SAULE.

L'avis relèverait plutôt de M. MARAL, responsable des sculptures ; et surtout, quel que soit le conservateur consulté, je crains qu'on ne l'ait prié de dire la même chose que la Présidence ou, à tout le moins, de taire toute critique.

L'idée revient bien plus à la Présidence, et j'ai même envie de dire toutes Présidences confondues Aillagon + Pégard qui, en choeur, orchestrent ces translations d'oeuvres hors les murs de Versailles, parfois très contestables comme s'agissant des Bains d'Apollon, de même que les magnifiques créations new fashion new tendance hype contemporaines dans les jardins pour faire du pseudo-provisoire-en-vérité-pérenne.

Quant aux commentaires lapidaires de la Présidence de l'EPV et de son sbire ad hoc sur l'absence de tout risque de dommages sur les sculptures après de si longs voyages demandant tant de délicates et complexes manipulations, ils font rire - mais très jaune, car il ne s'agit pas d'une bagatelle.

De toutes façons, cela ne sert pas à grand chose de se lamenter, un partenariat pour plusieurs expositions a été signé.
D'autres oeuvres seront déplacées, que cela nous plaise ou non.

Je ne fais pas un rejet en bloc de ce partenariat, qui peut être intéressant (on l'a vu avec l'exposition sur les carrosses et autres hippomobiles). L'exposition à venir permettra d'exposer à nouveau des boiseries de très grande qualité confinées dans les réserves, entre autres pièces, comme les très beaux panneaux néoclassiques réalisés pour le comte de Provence.

Reste que la sélection est en partie critiquable. Pour une fois, je suis le propos de M. Rykner et estime particulièrement malheureux, même dangereux, le choix portant sur les Bains d'Apollon ; lesquels vont en plus connaître le Moyen-Orient, avec un voyage encore plus chaotique !!!

Dommage que LTDA et son journaliste en chef que tout le monde avant moi a cité ne s'indignent pas contre les beaux projets contemporains des jardins ... Remarquez, cela n'a tout bonnement encore jamais été le cas alors que les premiers faits remontent à 7 ans. Ce silence obstiné, sur ce sujet précis, est-il donc vraiment étonnant ?

Article du Figaro par Claire Bommelaer publié le 03/09/2014 à 07:02


Pendant dix-huit mois, le château va prêter cent objets emblématiques au musée des Beaux-arts de la capitale de l'Artois.
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Peut-on symboliser Versailles en cent œuvres? Afin d'honorer un partenariat, le château va prêter pendant six mois cent objets, meubles ou peintures issus de ses collections au musée des Beaux-arts d'Arras. Ces prêts, qualifiés de chefs-d'œuvre, sont censés refléter toutes les composantes esthétiques de Versailles et de la vie de cour qui s'y est déroulée: on trouve, pêle-mêle, le buste de Louis XIV sculpté par Jean Varin et pour l'instant installé au centre du décor de l'escalier des Ambassadeurs [Sic], des tapisseries monumentales des Gobelins, le mobilier «aux épis» commandé pour la chambre de Marie-Antoinette au Petit Trianon, des peintures (La Famille du duc de Penthièvre en 1768 dit La Tasse de chocolat, le portrait de Marie-Antoinette, par Louise Élisabeth Vigée-Lebrun…) mais aussi l'emblématique statue du bassin de Latone, qui vient d'être restauré.


« L'idée de l'exposition est de montrer tous les genres et tous les styles de Versailles, du plus majestueux au plus intime », explique Béatrix Saule, directeur conservateur général de Versailles et commissaire de l'exposition. «Le château est un lieu de pouvoir aux espaces hiérarchisés et ordonnancés, qui a été façonné au fil du temps.»

Depuis le début de la semaine, les cent précieux meubles et objets ont commencé leur périple vers le Nord, de manière précautionneuse, comme on le devine.
Lundi, une harpe due à Naderman, luthier au service de la reine, avec guirlandes, oiseau et figures féminines est partie enveloppée dans une mousse spécialisée.


Le bassin de Latone a suivi. «Les prêts sont si emblématiques du lieu que certains objets n'ont jamais été prêtés», poursuit-on à Versailles. Ainsi du groupe sculpté d'Apollon servi par les nymphes. Détail amusant [sic] : c'est une copie du groupe qui restera dans le parc. De même, l'original de la statue du bassin de Latone sera exposé à Arras, la copie demeurant à Versailles.

Des prêts facilités par les travaux

Car le risque, quand on fait voyager cent chefs-d'œuvre, est de déshabiller Paul pour habiller d'autres pierres. Déjà, le fameux portrait de Louis XIV par Rigaud (celui où le roi porte ses célèbres chaussures à talons rouges) est parti en Chine.
Or, chaque année, des millions de visiteurs viennent, souvent de l'étranger, pour voir les œuvres «vedettes» vantées dans les pages des guides touristiques.
En cas de prêts, il faut donc opérer des choix avec doigté, permettant à la fois de bâtir une exposition digne de ce nom, à Arras ou ailleurs, tout en conservant ce qui compose une visite sur place.
« Nous avons prioritairement retenu des objets en plusieurs exemplaires ou pouvant être remplacés par quelque chose de similaire », explique Béatrix Saule.
La direction a également profité des salles qui sont ou seront en travaux pour prêter des pièces phares.
Le bureau du Dauphin n'aurait probablement pas quitté les lieux sans la campagne de travaux prévus dans les appartements, en 2016.


Exposition à partir du 27 septembre. Musée des beaux-arts d'Arras (Nord - Pas-de-Calais).

Le "remplaçant" de "Le Marquis de Sourches et sa famille" par Drouais aperçu au hasard d'une porte.



Lui même provenant de l'appartement du capitaine des gardes...


Et remplacé par ...



Y'a t'il eu un état intermédiaire en 2013? Mystère.

Un autre départ mais sans remplaçant.

Je vous assure que Mme Pégard ne sera pas exposée à Arras car elle ne peut être remplacée.

Bon, maintenant je me tais et retourne à mes confitures.

Char Voyageur, c'est un bon mot que j'aurais aimé faire ! L'esprit français est vraiment en vous !!

Le Casanova est un beau tableau orientaliste avant l'orientalisme et il représente une scène historique.
Versailles possède quelques oeuvres de cette veine mais ne les met guère en valeur. Je le regrette.

Vues extraites du diaporama (29 photos) illustrant l'article suivant :

Dans les coulisses de l’installation des chefs-d’œuvre de Versailles au musée d’Arras
La voix du Nord Publié le 09/09/2014 B. DUBRULLE (textes) P. BONNIERE (photos)
http://www.lavoixdunord.fr/region/dans-les-coulisses-de-l-installation-des-chefs-d-oeuvre-ia29b0n2370412

La Voix du Nord 11/09
Une installation minutieuse pour les chefs-d’œuvre de Versailles au musée des Beaux-arts d’Arras (VIDÉO)


http://www.lavoixdunord.fr/region/une-installation-minutieuse-pour-les-chefs-d-oeuvre-de-ia29b0n2373204
B. DUBRULLE (texte), P. BONNIERE (photos) et A-C DUVIVIER (vidéo)

Actuellement, la mise en place des quelque cent soixante-quatre chefs-d’œuvre issus des collections du château de Versailles qui seront exposés au musée des Beaux-arts d’Arras dès le samedi 27 septembre n’est pas une mince affaire. Le travail préparatoire est primordial.

Hélène Delalex, attachée de conservation à Versailles, expertise. Elle détaille tout, la moindre fissure, la plus petite éraflure, la minuscule imperfection. Ce constat des œuvres est une étape essentielle quand on lance une exposition. C’est minutieux. C’est méticuleux. Et c’est parfois long. Très long même. Hier, c’est « La Table des chasses à plateau de stuc avec le plan de Compiègne » qui a occupé les esprits. Cette œuvre date de 1737 et est en chêne sculpté et doré. Elle fut exécutée pour meubler les appartements royaux. Elle présente un admirable décor rocaille sculpté et doré enrichi des armes de France. Elle supporte un plateau de stuc où figure le plan de la forêt de Compiègne, Haut-Lieu des chasses royales. Elle est donc scrutée dans ses moindres détails. Il faut que le constat effectué au départ de Versailles soit identique à celui réalisé à l’arrivée à Arras.




Après cette étape, place à l’installation de l’œuvre dans la partie « boiseries et marqueteries » de l’exposition « Le Château de Versailles en cent chefs-d’œuvre ». Gants blancs obligatoires pour transporter cette pièce. On y va délicatement. Béatrix Saule, directrice de Versailles gère les opérations. « Pour le coup d’œil, pouvez-vous monter de deux centimètres. » Les gros bras s’exécutent. « Cette œuvre est remarquable car elle regroupe le travail d’un sculpteur, d’un doreur et d’un géographe, glisse-t-elle. C’est le meuble le plus rocaille que l’on ait à Versailles. C’est extravagant. C’est typique du milieu du XVIIIe siècle car ensuite, on s’est assagi avec le néoclassique et des lignes plus droites. » Cette « Table des chasses » a pris place au musée des Beaux-arts d’Arras pour dix-huit mois.

http://static2.lavoixdunord.net/sites/default/files/imagecache/vdn_photo_principale_article/articles/ophotos/20140921/1283074225_B973613886Z.1_20140921104552_000_GHU35HR6E.1-0.jpg

Article de la voix de nord :

Arras : comment transpose-t-on le domaine de Versailles à l’abbaye Saint-Vaast?
Publié le 21/09/2014 PAR BENJAMIN DUBRULLE

Frédéric Beauclair est le scénographe de l’exposition « Le Château de Versailles en 100 chefs-d’œuvre » qui ouvrira ses portes samedi 27 septembre au musée des Beaux-Arts. Présentation de son travail.

– Depuis quand travaillez-vous sur cette nouvelle exposition du partenariat Versailles à Arras ?

« Cela fait environ un an. Quand on est scénographe, il y a deux manières de faire son travail. Soit on est totalement seul, dans son coin et on présente le résultat à la fin ou alors on travaille ensemble, avec les conservateurs des musées. C’est ce que l’on a fait pour cette nouvelle exposition. J’ai travaillé de concert avec Béatrix Saule, la directrice du château de Versailles. Elle connaît les œuvres par cœur. Elle a des fantasmes pour la scénographie. Je dois y répondre. Avec mon ordinateur, je lui faisais régulièrement des propositions. Le but est de créer un ensemble cohérent, il ne faut pas que ce soit une succession d’espaces. »

– Quel a été votre fil conducteur ?

« Comme à chaque fois, c’est la lumière. On a par exemple de grosses toiles tendues, on fait venir l’éclairage par le bas. La lumière vient du sol. Ça met davantage l’œuvre en valeur et surtout, ça ne la dégrade pas. C’est important pour des pièces qui n’ont jamais été exposées et qui ont plus de trois cents ans. »

– Cette nouvelle exposition présente six ambiances de Versailles…

« C’est une promenade dans un lieu d’exception. L’idée n’est pas de recréer en décor de carton-pâte le domaine de Versailles. On ne fait pas du copier-coller. Il faut suggérer les choses. C’est un jeu de compression, décompression avec des grandes salles qui montrent le pouvoir de la royauté, ses apparats et des espaces plus petits pour les scènes plus intimes. C’est comme la galerie des Glaces. On n’allait pas la recréer intégralement à Arras. Avec des effets de reflets, on crée la grandeur de l’espace en le démultipliant. »

– Quelle ambiance a été la plus compliquée à recréer ?

« Sans hésiter les bosquets. Il fallait créer un parcours étroit où l’on voyait un peu de ciel bleu en haut. En creusant dans le feuillage, on découvre des fontaines d’animaux. On a réalisé un cliché de verdure à Versailles qu’on l’a reproduit et multiplié grâce à un logiciel informatique. »

Au passage sur le site du château, on devine les boiseries qui seront prêtées à Arras.

Il s'agit de panneaux attribués aux frères Rousseau d'après des dessin de Mique :

Deux sont à décors arabesques ou pompéiens dit au lions ailés

Les deux autres provient du cabinet dit des muses, également attribué aux frères rousseau, l'un représentant Calliope, le second Erato :

D'après la légende (à confirmer) d'une photo ancienne, les deux premiers panneaux proviendraient d'un cabinet réalisé pour la comtesse de Provence

Je me demande si il ne s'agit pas des panneaux que M. Lemoine voulait installer dans la chambre de la reine au rez-de-chaussée, en équivalence des boiseries disparues, lors des restitutions des années 80.

Suite au post de M. de Noisy, j'ai retrouvé l'origine de "ma" photo.

Il s'agit de l'article de M.Jallut paru dans la gazette des Beaux Arts en 1964 "Cabinets intérieurs et Petits Appartements de Marie-Antoinette"

En voici un extrait:



Pour comparer avec les boiseries "d'Arras"

Si M. Lemoine songeait à les installer dans la chambre de la reine au rdc, cela implique qu'il y avait un nombre de panneaux suffisants, tout en excluant l'alcôve.

J'ai hâte de voir ces boiseries.

Le site de l'expo est en ligne avec la liste complète des oeuvres prêtées ; cliquer sur ce lien pour y accéder.

Si la logique thématique ne m'a pas échappé, je ne comprends pas pourquoi une salle n'a pas été consacrée à la chasse ni pour quelle raison les fêtes sont présentées dans la dernière plutot qu'au début du parcours.

On aurait en effet souhaité un chapitre consacré à la chasse, passe-temps princier par excellence.
Au lieu de quoi, le sujet est noyé dans la rubrique "Parc et bosquets", pas très adaptée.

Le plaisir sera de voir certaines oeuvres toujours en réserve ou peu montrées (le bénitier, les boiseries, quelques tapisseries et des oeuvres graphiques).

J'abonde tout à fait sur le manque d'évocation de la chasse, tant à Arras, que d'ailleurs à Versailles dont ce fut la première raison d'être.
Les écuries et les carrosses, (avec la possibilité d'entrer pour les moulages et les sculptures en réserves) sont évoquées à Versailles.
la musique aussi avec la chapelle, le centre de musique baroque et les utilisations de l'opéra et quelques instruments.
Même a minima, les Voyages le sont aussi, avec quelques malles ici ou là.
Mais l'évocation de la chasse, pourtant pratiquée au quotidien, brille par son absence hormis les plaques de la salle à manger des porcelaines.
Quelques tableaux de chasses et/ou de gibiers dans la galerie d'introduction seraient les bienvenus.

Le désagrément privant certains d'entre nous de visiter le site de l'exposition 100 Chefs-d'oeuvre a été signalé à la maintenance qui a effectivement détecté la présence d'un virus type "cheval de troie".

Bonsoir,

La Tribune de l'Art n'est pas tendre avec l'exposition d'Arras :

http://www.latribunedelart.com/de-versailles-a-arras-cent-chefs-d-oeuvre-deplaces-pour-rien

Didier Ryker est tellement outré qu'il rajoute une année en plus   2 ans 1/2 = 2017!